samedi 14 novembre 2009

Le pain perdu, ou les pensées d'une fille qui ne l'est pas moins.


Je pérégrine à Sion, ou pérégrinapense. Je n'ai jamais pu prononcer ce mot, alors pour épancher ma peine, je l'écris. Dans le train j'avais une bien belle phrase en tête, le cahier dans le sac, les pieds sur le sac et pas l'envie de tout chambouler cet ordre précis, je faisais confiance à ma mémoire. L'écran de mon cerveau me donne une claque et inscrit en lettres lumineuses "epic fail". Oui, et bien soit, j'ai oublié ma phrase, il est temps d'en écrire d'autres. Non ?

Je me suis fait du pain perdu. Chez moi on appelle cela des croûtes dorées. Quand j'étais petite, je pensais que ça sortait du nez, et je n'aimais pas en manger. Maintenant, on ne peut pas vraiment dire que je régresse. Je découvre les plaisirs enfantins de massacrer ces tranches de pain mal grillées, mal mouillées, sucrées inégalement, à la fourchette, devant un film un peu niais, un peu plein de vérités.

Bon. Et en plus, j'ai un statut de fausse célibataire, alors je peux me plaindre et me déverser sur des épaules amicales "Je me sens si seuuuule." Et continuer à faire partir en vrille l'homme "Tu me maaaaaaaanques."

Le problème est que ces deux phrases sont justes. Très justes. Chaque soir, elles s'allument à tour de rôle. "Rappelle-toi, tu es seule." "N'oublie pas qu'il te manque." "Rappelle-toi.." Bref, un vrai calvaire. Tout naturellement, je me tourne vers ma petite cuisine, tassée dans un coin du studio. J'y dégote du cacao (ingrédient indispensable pour fille esseulée, mieux que du chocolat noir), des flocons d'avoine, du lait. J'expérimente, je fais bouillir ça dans une petite casserole, la fout en l'air parce que les flocons ont été oubliés dedans et ont fait griller le fond. Souvent, lorsque la mixture est mangeable, je m'installe devant une comédie du genre de "When Harry Met Sally". Et en ces moments, je bénis l'OFCOM de prévoir une redevance TV trop haute pour que je puisse me l'offrir (et par conséquent, m'abreuver de conneries).

Oulah, je m'aperçois que j'ai complètement dévié de mon sujet de départ, qui était les soirs de merde, ou on commence à traînasser en pyjama (personnellement un bas de pyjama rayé, et un t-shirt The Rolling Stones, déchiré, et c'est pas pour faire rock.) à 19h, qu'on prend un bain un peu trop chaud, qu'on boit un thé, qu'on finit pas, qu'on allume l'ordi, qu'on écoute ça, qu'on éteint avant que les larmes ne viennent. Je crois que finalement, si je devenais une vraie célibataire, ça serait pas si dur que cela. Suffit de s'habituer. Mais on n'en est pas encore là. (Réponse demain...)

Je vous souhaite une très bonne nuit mes chères, je m'en vais regarder les péripéties sédentaires d'une famille qui enterre. Celui, celle qui trouve le titre du film gagne un pin's.